03-11-2021
Dominique Lefebvre : « L’enjeu climatique impose une métamorphose radicale et urgente »
Alors que la COP 26 a démarré lundi dernier, réunissant des dirigeants du monde entier, Dominique Lefebvre, Président du Crédit Agricole nous alerte en ce jour dédié à la finance climat, à travers une tribune sur l'urgence qu'il y a à opérer d’immenses mutations sur le plan énergétique, industriel, social et sociétal, face à l'enjeu climatique.
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La Cop 26 est là pour nous le rappeler, s’il en était besoin : le réchauffement de la planète n’est pas une crise climatique mais une remise en cause globale du monde dans lequel nous avons jusqu’alors vécu avec insouciance voire inconscience. L’humanité a atteint un point de bascule et nous devons oublier tout fantasme d’un retour possible à la « vie d’avant ».
Cette remise en cause est telle qu’elle impose une transformation radicale. Nous n’avons d’autre choix que d’inventer un nouveau modèle répondant à de multiples défis désormais indissociables, qui portent sur l’environnement, la santé, l’économie, la cohésion sociale. Comme l’a dit Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, il « n’y a pas de stabilité économique et financière sans le respect de la nature ».
Mais il n’y a pas non plus de transition sans réponses globales, durables, équitables et inclusives. En effet, cette transition nous est imposée dans le contexte particulièrement complexe d’un monde qui se fragmente et perd certains de ses repères, marqué par le sentiment de déclassement, l’érosion des solidarités, l’affaiblissement du lien intergénérationnel, les crispations identitaires et la peur de l’avenir. L’indispensable transformation doit intégrer cette complexité, ou plutôt cette complétude.
Nouveau modèle de prospérité
Pour rendre possible un nouveau modèle de prospérité, respectueux de la nature et du vivant et porteur de progrès pour tous, l’ensemble des acteurs doit opérer d’immenses mutations. Ces mutations constituent de véritables révolutions énergétique, industrielle, sociale, sociétale… Elles obligent chacun à accepter de penser autrement. Elles imposent de mobiliser tous les acteurs et tous les leviers porteurs de succès.
Ces révolutions vont s'accompagner d'une destruction massive de capital.
Je pense en particulier à tous les territoires, par lesquels passera nécessairement la réussite de ces changements, et qui sont de formidables accélérateurs de transformations durables, porteurs de solutions économiques et sociales innovantes et solidaires. Ils seront des atouts majeurs dans la transformation globale qui est devant nous.
Ces révolutions vont également s’accompagner dans les décennies qui viennent d’une destruction massive de capital d’une part, et de besoins considérables en investissement et en financement d’autre part. La responsabilité des banques dans ces processus sera élevée, et leur rôle majeur.
Projet de société
La transition n’est pas uniquement une question de morale. C’est aussi une question d’efficacité permettant de trouver le bon rythme, de permettre à chacun de réussir sa transformation et de la rendre acceptable et supportable par tous. Une transition juste, durable et responsable exige de convaincre et mobiliser toutes les parties prenantes, d’être construite pierre à pierre, d’être partagée et ajustée, sans que les injonctions de l’instant fassent perdre de vue l’ambition ultime.
Elle ne peut réussir que si elle est entièrement tendue vers une vision claire et résolue de là où l’on veut aller, un véritable projet sociétal qui comporte une trajectoire exigeante, définie de manière transparente, collective et pragmatique et qui ne laisse personne sur le bord de la route.
Plus encore, elle ne peut réussir que si chacun est convaincu, que si chacun est moteur de son propre changement. Car vécue comme une contrainte, elle n’atteindra jamais la puissance nécessaire à la réussite.
Ce projet n’est rien de moins qu’un projet de société. La volonté de repenser notre modèle économique pour accroître sa performance durable, accélérer les innovations et les initiatives réparatrices. L’enjeu est grand, mais il est aussi enthousiasmant : c’est l’occasion unique pour l’humanité de prendre en main son destin.
Cette tribune a été publiée dans les Echos du 2 novembre 2021

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