04-07-2019
Orli Hazan (LCL) : Entreprises de la tech, faites confiance aux femmes !
Si 48 % des salariés des entreprises françaises sont des femmes, elles représentent seulement un tiers des salariés du secteur de la Tech. Ce défaut de mixité d’un secteur pourtant moteur de l’économie et qui façonne l’entreprise et les métiers de demain est ancien. Et pourtant le déséquilibre s’accentue car les jeunes femmes sont toujours moins nombreuses chaque année à rejoindre les bancs des écoles d’informatique qui forment les bataillons de data scientists et autres ingénieurs système que les recruteurs s’arrachent.
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Les causes de cette désaffection ? Elles sont connues mais j’en retiens trois majeures. La première tient au fait que le faible nombre de femmes dans ces filières les prive de représentation. De la cellule familiale à l’école, jusqu’à l’entreprise, les petites filles puis les jeunes femmes manquent parfois de modèles auxquels s’identifier. La deuxième cause, c’est que les écoles d’ingénieurs élitistes, étaient initialement destinées aux militaires, peu de femmes y postulaient. C’est en train de changer naturellement aujourd’hui. Enfin, la troisième concerne l’orientation des jeunes femmes se destinant à une carrière scientifique. Plutôt que les inciter à s’investir dans les filières informatiques ou techniques, on les pousse plus volontiers vers la biologie et la médecine.
Or, en étant privées de mixité, faute de candidates et d’expertes, les entreprises de la Tech sont aussi amputées d’une partie de leurs performances.
On sait, en effet, que la présence des femmes dans les entreprises est un vecteur de développement et de croissance, c’est démontré[1]. Et si les femmes génèrent de la performance, c’est souvent parce qu’elles abordent la « montagne » que représente un défi managérial par un autre versant que celui emprunté par leurs homologues masculins. Et cela grâce aux fameuses « soft skills » de plus en plus demandées dans nos organisations !
Un exemple personnel : lorsqu’à 28 ans, au retour de mon premier congé maternité, mon employeur de l’époque me confie les rênes de sa R&D, je me trouve face à une équipe exclusivement masculine de développeurs de 35-40 ans, tous ultra experts. Je suis pour ma part loin d’avoir leur niveau. Pourtant, mon rôle est de donner du sens à notre travail collectif et d’animer cette équipe. Dois-je pour cela me hisser à leur niveau d’expertise ? Je fais le pari de miser sur une autre dynamique, en apportant plus de liant, plus de transversalité, et en valorisant nos savoir-faire dans et à l’extérieur de l’entreprise. Ça a marché ? Oui, à 200 %. À tel point que d’un centre de coûts, mon équipe et moi sommes parvenus à faire de la R&D un centre de profits en réalisant des développements spécifiques pour certains clients.
Cherchons à booster la mobilité et les parcours de carrière des femmes, en leur confiant des responsabilités dans des domaines technologiques, scientifiques et numériques : leur capacité à sortir du cadre, à proposer des solutions innovantes, leur adaptabilité, leur empathie et leur force de conviction fera le reste !
[1] Les entreprises comptant plus de 35 % de femmes dans leur encadrement affichent une croissance de 23,5 % de leurs chiffre d’affaires contre 14 % pour les autres (étude portant sur les entreprises du CAC 40 réalisée par Michel Ferrary, professeur de management de la Skema Business School à Nice)
